



En perspective du Corsica Raid Aventure, on avait pointé le Raid Ore comme une course qu’on pourrait courir à quatre, histoire de tester l’équipage. On n’avait pas vraiment regardé le programme ni l’esprit de la course, mais bon. De toutes façons, le test grandeur nature n’en est plus tout à fait un : Freddy a mal au dos tous les lendemains de course à pied. Il commence à parler de ne pas aller en Corse. On s’est donc dit que ce raid serait un dernier test pour lui avant décision finale. Toma a pris une semaine de vacances post-raid dans le coin, Denis est sur Toulouse. L’autre équipe de frites, Manu et Lilian est parti samedi soir pour dormir au F1. On se retrouve donc à 5h du mat, Freddy et moi, prêts à rouler 3h face au vent. On retrouve tout le monde au départ. C’est familial et très typé FFC.O. bonne franquette. Première alerte, Freddy se tord la cheville à l’échauffement, juste au moment où il se dit qu’il ne s’est pas strappé. Ca s’annonce bien. Bref, ça a l’air de tenir, alors on y va. Ca me permet de ne pas trop exploser sur le premier trail. Toma gambade encore devant. Heureusement Freddy est long à se mettre en route et ça me sauve. Retour au parc, on prend les cartes. On sera deux à la boussole : Toma et moi. Denis et Freddy n’ont même pas apporté leur porte-cartes. Je trace au fluo l’iti prévu sur cette section VTT’O ordre libre où l’on peut laisser ce que l’on veut pour le retour. Je pensais que le tracé se ferait de lui-même. Que nenni, c’est du vrai VTT’O truffé de choix d’iti et de balises excentrées à aller chercher sans faire trop d’aller-retours. Le secteur est hyper maillé et dès le début, on comprend qu’on va avoir mal à la tête. On enchaine les croisements et intersections. Au début de ce VTT’O, on suit plus ou moins Thomas Pardoen. C’est bien, ça confirme nos choix. Je me force de ne pas sortir de la carte, mais comme j’ai la puce de l’équipe (celle de Toma et moi), je dois aussi biper et perds du temps à chaque sortie de poste. On finit plutôt bien ce premier VTT’o même si Toma me fait remarquer qu’on a laissé une 58 qu’il aurait été judicieux de prendre à l’aller. On rentre alors sur le second VTT’O ordre imposé celui-là. Toma en profite pour se prendre une belle gamelle en voulant passer en 26 rigide, un obstacle que je viens de passer en 29 tout-susp (et que j’aurais pas tenté en 26hard). Ce VTT’O se passe pas trop mal et on a la surprise d’en sortir avec plein de grosses équipes au derrière (Issy, Agde, XTTR,Baragnas, Absolu, Raidlinks). Ils ont du en choper une ou deux de plus que nous sur le premier VTT, mais ça fait quand même plaisir. On part groupés sur la CO. On jardine tous ensembles la première et quand on la chope, je ne suis même pas encore entré dans la carte. La suite se passe bien, sauf que Freddy boite fortement et quand au bout d’une heure, on s’aperçoit qu’on vient de pointer la 9 (sur 19) après un joli « coup de sanglier », le moralomètre commence à faiblir. On prend alors un tout petit rythme. Je rêve à cet instant d’une belle section de VTT balisé ou un coup de canoë pour arrêter de réfléchir. On reste même 5 minutes à palabrer après la 9, pour savoir comment aller chercher la 10, non pas au plus vite, mais au plus confortable (« Ah non, moi je me tape pas toutes ces courbes ! », etc…). On voit plus grand monde pour nous mettre un peu la pression. Heureusement, on tombe sur un duo mixtes à la 10 puis des Espagnols à la 12, ça nous relance un peu. On joue au chat et à la souris, mais rien de bien convaincu. Denis trottine encore, le pied alerte, lui qui voulait pas se cramer avant son 100km la semaine prochaine est rassuré. On va pas le faire sauter aujourd’hui. Freddy sert les dents mais on sent bien qu’il n’est pas en train de tomber amoureux du parcours. Quant à Toma et moi, on regarde la montre et on se dit qu’on va rentrer tard ce soir à la maison (sans compter nos discussions sur ce qu’on va bien pouvoir faire au Corsica). On finit tout de même par retrouver nos VTT. Freddy n’arrête pas de demander combien il en reste. Ca sent l’écurie, mais le picotin d’avoine se fait long à venir. Un nouvel aller-retour à faire sans le VTT sous une falaise, un passage jungle sur un sentier marqué sur la carte mais vraiment pas « ouvert » et c’est moi qui commence à péter un plomb.
Autant j’aime bien quand une section pur VTT’O se glisse dans un raid, mais quasi 7h de course à repasser dans les mêmes coins un CP sur deux en taillant des diagonales dans tous les sens, j’avoue que je suis pas fan. On finit par rejoindre l’arrivée en touristes, avant de s’avaler une bonne paëlla. Toma est en retard pour aller voir les taureaux en famille, Freddy et moi sentons que les bouchons sur le chemin du retour vont être une épreuve de plus. Et on n’est pas plus avancés pour le Corsica. Bref, un dimanche pas top, on n’est décidément toujours pas devenus des orienteurs.
PS : Attention, je ne critique en rien la qualité de l’orga qui était au poil.
Ardéchois 34 kms – 03/05/2014
Frédéric Desprez, Barakafrites Team Sport Nature
Après 2013 et un temps plus que pourri (pluie en bas et tempête de neige sur les hauteurs), j’ai décidé de me relancer sur l’Ardéchois, toujours sur la distance de 34 kms. J’étais inscrit pour la Maxi-Race d’Annecy depuis des mois et il me fallait une course de préparation (même plusieurs si possible) mais j’ai retardé l’échéance, préférant faire du kilomètre semaines après semaines pour rattraper le retard accumulé et retrouver un semblant de forme pour envisager d’être finisher à Annecy (j’avoue que j’ai la pression de Seb Roizot qui a plus d’expérience que moi sur des grandes distances).
Il y a quinze jours je m’inscris alors qu’il ne reste plus que 50 dossards disponibles (cette édition devait être la dernière). Je me dis qu’à moins d’un mois de ma course cible, il faut pas trop taper dedans et je pense le faire en endurance, enfin autant que possible. Je demande quelques conseils à Marc de chez Kiwi Sport et j’achète deux semaines avant les chaussures qui m’accompagneront autour du lac, des Saucony Xsodus 4.0. Il me dit que si je le gère comme une sortie longue, je dois pouvoir reprendre l’entrainement pour ma dernière semaine dure la semaine qui suit, ce qui me va parfaitement vu que je suis en congés. Question entrainement, je sais que je suis limité en endurance (je n’ai pas beaucoup couru à vrai dire) mais côté dénivelée, ça devrait aller large vu ce que j’ai bouffé dans le Vercors depuis 4 mois (enfin on se rassure comme on peut).
Je surveille la météo toute la semaine et ça oscille entre mitigé et pluies faibles. Dur, au moins les températures seront plus clémentes vu qu’ils annoncent 6 degrés au départ.
Après 3 semaines (relativement) dures avec une grosse sortie de 32 bornes dans le Vercors une semaine avant, je fais une semaine plus cool en prévision de l’Ardéchois. En fait, secrètement, je voudrais faire le même temps que l’an passé (5h03’) mais en étant « cool » (alors qu’en 2013 j’avais vraiment fini dans le dur et frigorifié). Bon, c’est pas un temps canon pour cette course et je vais finir dans la première moitié mais pas bien mieux.
La veille je prépare tout le matos avec la tenue prévue sur la Maxi-race et les gels et boissons que je pense aussi prendre là bas. Ma belle tenue bleue et blanche des Barakafrites est (enfin) prête à être utilisée en course. Cette fois je prend les bâtons même si c’est pas hyper nécessaire sur l’Ardéchois mais je veux me mettre dans les conditions d’Annecy.
Le matin de la course, réveil à 5h30 pour aller chercher mon dossard sans précipitation, un gâteau sport vite avalé et zou, direction Desaignes. Pas de flotte sur la route, ça change déjà de 2013 même si le ciel n’est pas bien haut. Arrivé là bas, déjà l’ambiance est là avec des dizaines de coureurs déjà prêts à en découdre, dont certains viennent de loin.
Pas d’échauffement vu que j’ai décidé de partir coolos. Je profite de l’ambiance d’avant départ qui me manquait quand même un max. Comme l’an passé, on a un groupe de percussion au top qui met l’ambiance et que je sais qu’on retrouvera sur le parcours.
Loulou nous fait son speech d’avant course accompagné de Dawa Sherpa comme l’an passé. Il nous annonce que finalement, l’Ardéchois 2014 ne sera pas le dernier et qu’il a retrouvé un « repreneur » pour l’organisation. Top ! Ca aurait été vraiment dommage qu’elle disparaisse.
Cette année, je me met vers la seconde moitié et comme ça je ne serai pas tenté par un départ trop rapide ni démoralisé par les hordes de coureurs qui vont me dépasser dans la première côte où je devrais rester en dessous de 150 pulses.
Un tour du village est neutralisé et on part enfin vers les bois. Le parcours ne change pas trop par rapport à l’an passé et on a une bonne côte dès le début. Comme prévu j’avance tranquille en surveillant le pulsemètre. Tout le monde a l’air super concentré et ça ne cause pas bien dans les groupes qui attaquent la montagne. Comme prévu il ne fait pas froid et je commence même à transpirer. Au bout d’un moment je commence à utiliser les bâtons et ça m’aide à faire baisser les pulses. Je trouve que je suis nettement moins dans le dur que l’an passé où j’avais ramassé un peu dans la deuxième partie des côtes du départ et où je m’étais fait largement dépasser. Le premier sommet arrive après 6 kms puis on a une petite descente rapide en file indienne avant de reprendre l’ascension jusqu’au sommet le plus haut de la course. Comme prévu, le groupe de percussions nous attend dans la seconde montée et on les entend depuis en bas.
Arrivé sur le plateau, on peut enfin courir (enfin en ce qui me concerne parce que les premiers n’ont pas du trainer dans la montée) et dérouler dans la plaine, cette fois sans neige. J’ai à peu près une heure de course avec peu de dénivelée et je peux rattraper mon retard et faire augmenter la moyenne. Certains coureurs ont des allures très hétérogènes, en ramant dans les montées et en volant dans les descentes. Je reste pour ma part plus « tranquille » en gérant les montées et ayant une bonne allure (mais pas défonce) dans les descentes. Dans une montée je me fais rattraper par Stéphane Fournier qui reconnaît mon maillot des Barakafrites. Je lui rappelle qu’on est connectés sur Facebook et je lui souhaite bonne course pour la suite (il est parti pour le 57). Je le laisse devant pour ne pas m’enflammer. Ma douleur au talon se réveille vers le 15ème et je sens que ça va me gaver à Annecy (mais c’est pas ça qui m’arrêtera). Dans la descente, on a le passage du château qui est toujours aussi magnifique et original. Vu les pierres et les marches, il faut être quand même vigilant pour les chevilles mais ça passe tranquille. Je repars rapidement pour finir cette montée et rester dans mes temps prévus. Il y a une partie assez pénible avec un single rempli de rochers où on rame un peu mais bon, rien de dramatique.
Après le 18ème kilomètre on reprend la montée pour la seconde difficulté. Je sais que c’est la dernière mais on monte presque pendant 7 kms. Au 22ème kilomètre on a enfin le ravitaillement. Je remet un sac de poudre miracle dans la poche d’eau et je refais le plein. Je me ravitaille un peu mais mes gels me suffisent amplement. Il y en a plusieurs qui sont assez mal et ça commence à pas mal marcher et je double (même avec mon allure cool).
Arrivé au 26ème, je sais qu’il ne reste quasiment plus que de la descente et un peu de plat. L’an passé, j’étais bien cramé et j’avais même parfois marché sur le plat. Cette fois je déroule et je me sens toujours aussi bien. Au 29ème, on laisse partir les concurrents du 57 (j’avoue que ça m’a traversé l’esprit un moment d’obliquer vers la gauche).
Les 6 derniers kilomètres sont une descente souvent assez dure mais qui se passe mieux sans la pluie. L’an passé dans les prés mouillés c’était holiday on ice avec pas mal de chutes, cette année on peut courir. Je me fais atomiser par un concurrent qui termine la descente au taquet. Arrivé en bas et sur un passage à gué, je me fais doubler par un autre concurrent que j’ai doublé juste avant et je fais un point d’honneur à le reprendre et à ne pas le laisser me repasser. Il y a une fin sur route avec plusieurs coups-de-culs et cette fois je laisse monter les pulses pour « faire la course ». Ok, il est temps. J
Au final je termine en 4h50’ soit un peu plus de 10’ de gagnés par rapport à l’an passé. C’est clair que l’état du terrain y est pour beaucoup. Par contre, comme prévu je suis vraiment bien sur la fin, quasiment sans courbatures et prêt à repartir pour un tour. C’est plutôt de bon augure pour la Maxi-race même si je sais que je suis parti pour une grosse journée et qu’il va falloir que je gère à mort pour arriver entier et dans les temps. En rentrant, j’analyse les données de ma montre et je m’aperçois que j’ai rempli le contrat avec les pulsations vraiment régulières avec une moyenne à 143 pulsations. Certes la vitesse n’est pas terrible mais si je tiens 1 km/h de moins sur la Maxi-race, je serai largement dans les temps, ce qui est assez rassurant.
Bon, l’an prochain je me met sur le 57 et je le fais plus au taquet histoire de voir ce que je vaux (encore) et parce que c’est quand même un peu frustrant de ne pas vraiment faire la course.